1er jour -
Tôt le matin, transfert en voiture jusqu'à l'oasis de Nouaïl, petite oasis située à 18km de la ville de
Douz. Voir feuille «logistique des transferts».
A Nouaïl, fin des préparatifs et déjeuner au Campement Saharien (bloc sanitaire, salle de restaurant et bar),
puis, transfert d'environ 60 km en véhicule 4x4 (environ 1h 45) jusqu'au Marabout (tombeau) de Sidi Mohamed
Es Slaï.
A El Faouar, nous abandonnons la route goudronnée pour nous engager sur une vague piste qui se faufile au
milieu de petites dunes de sable blanc plus ou moins couvertes de végétation. Nous traversons également
quelques sebkhra avant darriver au tombeau de Sidi Mohamed Es Slaï, célèbre marabout que la population de
la région honore chaque année par une fête.
La piste est aussi fréquentée par des charrettes qui, tirées par des mulets, alimentent en bois les villages. Cest
non loin du marabout, au puits du même nom, que nous avons rendez-vous avec la caravane dans laprès-
midi. Premier bivouac.
2e jour -
Lever avec le jour... Après le chargement des chameaux (ce qui est toujours un peu long la première
fois car il faut répartir et équilibrer les charges), nous nous mettons en route vers le sud-sud-ouest, direction
que nous conserverons jusquà Bir El Hadj MHamed.
Après quelques dunes, nous entrons dans un vaste couloir encombré de végétation (altitude 85m). Lest et
louest sont fermés par des cordons de dunes plus importants. Les chameaux, attachés les uns aux autres,
avancent en petites caravanes conduites par leurs propriétaires. Pour ceux qui le désirent, il est facile de
marcher dans leurs traces où le sable est particulièrement tassé. Nous suivons la caravane qui avance
rapidement, la précédons ou nous laissons distancer pour observer une plante, une trace, un insecte
Les nombreuses cuvettes et dépressions que nous traversons sont bien pourvues en espèces végétales : sbot
(Aristida pungens), semeri, begel (Anabasis articulata), lequel brûle, bien que vert, même sous la pluie.
Lorsque le rocher apparaît, pousse alga au vert brillant et aux petites fleurs mauves. "L'acheb" ou pâturage
éphémère ne pousse qu'au printemps, s'il a suffisamment plu en automne et en hiver. Ses plantes sont
nombreuses et on peut y reconnaître saâdan (Porte-bonheur), aux graines plates armées de petits piquants,
dissimulées dans le sable des cuvettes. Il est souvent appelé à tort "cram-cram" qui désigne en fait une
graminée sahélienne, le Cenchrus biflorus. On trouve aussi Astragalus gombo à fleurs jaunes et à gousses
semblables à celles des petits-pois, Echium trygorrhizum ou vipérine à fleurs bleues, goulglan (Savignya
longistyla) à fleurs roses, lerebian (Anthemis stiparum et Chrysanthemum macrocarpum) aux fleurs semblables
à de petites marguerites, etc...
On peut voir encore la Cistanche tinctoria, qui sort du sable comme une énorme asperge à tête jaune. Sa
racine, séchée et réduite en poudre, était autrefois consommée par les nomades. Des arbustes et des buissons
occupent aussi le fond des cuvettes, envahissent les flancs des dunes et se dressent parfois, solitaires, sur
leurs crêtes ou les gour rocheuses. Ce sont rtem (le genêt Retama retam), alenda (Ephedra alata), azal
(Calligonum azel) et arich, erta (Calligonum comosum). Le bois de ces trois derniers arbustes est
particulièrement apprécié des nomades et des oasiens qui, malgré l'interdiction, le coupent et le transforment
en excellent charbon de bois. Il dégage beaucoup de chaleur et donne de bonnes braises.
Nous installons notre bivouac.
3e jour -
Les dunes prennent de l'importance. La végétation reste néanmoins abondante dans les cuvettes,
sauf dans celle qui précède le puits d'El Melama où nous parvenons dans la matinée. Les anciennes traces de
chèvres sont nombreuses. Trois puits sont creusés. Le premier n'était pas terminé en avril 98 ; les deux autres
sont ensablés. Quelques zéribas (huttes) ont été construites par les nomades Rebaiya non loin des puits. Au
bivouac, le bois abonde et les rites du thé saharien et de la cuisine au feu de bois peuvent donc être respectés!
Les chameaux, que l'on a déchargés, s'éloignent dans le pâturage, à moins que les chameliers n'estiment qu'il
faille renforcer leur nourriture par de l'orge ou par un mélange reconstituant de cette céréale et d'olives noires.
Dans ce cas, ils baraquent près du camp et nous pouvons contempler ce pittoresque spectacle.
4e jour -
Les dunes grandissent. Très vite, le matin, nous arrivons à Bir Swemes qui n'est qu'à peine à deux
heures du puits précédent. Cette fois, il y a de l'eau et peut-être emplissons-nous une ou deux de nos outres
faites avec des chambres à air de camion. Puis, la marche continue.
5e jour -
Dans la matinée, après une très haute dune, nous plongeons dans la dépression où se situe le puits
d'El Hadj M'Hamed. Le site est impressionnant. C'est une immense et étroite cuvette, sans un arbre, sans un
buisson, où seuls se dressent les montants de bois du puits, entourée de toutes parts par d'énormes dunes. On
se sent vraiment au coeur de l'Erg.
Le puits est profond (sans doute 26m) et très étroit. Nous déchargeons les bêtes, et les chameliers s'activent à
remonter l'eau pour remplir les outres et pour faire boire les chameaux car nous ne sommes pas assurés de
trouver de l'eau au prochain puits. Nous devons donc prévoir notre réserve d'eau jusqu'à Bir Aouine.
A la fin du mois d'avril 97, lors de notre premier passage, le puits était effondré. Malgré tous nos efforts, nous
n'avions pu en tirer que quelques misérables litres d'eau. Ce puits, d'une grande importance pour les nomades
Rebaiya, a été recreusé durant l'été 97, à une vingtaine de mètres de l'ancien. L'eau n'est maintenant plus un
problème.
Peut-être rencontrerons-nous au puits quelques nomades Rebaiya dont les campements sont à proximité.
Comme nous, ils seront venus là pour s'approvisionner en eau ou pour abreuver leurs troupeaux de chèvres et
de moutons. Parfois des ânes et des chamelles attendent patiemment près du puits qu'un homme charitable,
même s'il n'est pas leur propriétaire, tire de l'eau et leur donne à boire en même temps qu'à ses bêtes. Les
chameliers poussent des cris typiques ("ma-hum ! ma-hum ! ehum !") en remontant le délou qui nous sert de
seau. Les plus courageux de l'équipe peuvent les aider à remplir les outres et à passer le délou plein, du puits
à l'abreuvoir. Cette corvée d'eau nous occupe toute la matinée. Nous pouvons bien sûr profiter du temps libre
pour gravir une haute dune qui domine le puits ou pour faire une toilette rapide.
Déjeuner au puits. L'après-midi, nous reprenons la marche, les chameaux lourdement chargés et gonflés de
toute l'eau absorbée ! Notre direction est maintenant sud-sud-ouest.
Il n'est pas possible de passer la nuit près du puits car la cuvette est vide de tout pâturage. Nous poursuivons
notre route, nous faufilant au mieux à travers les dunes, jusqu'à un bon pâturage de sbot.
Du 6e au 9e jour -
Les dunes ont ici toute leur puissance. Elles dominent les cuvettes de 80 à 100m et
forment de véritables massifs aux formes complexes. Les cuvettes semblent s'enfoncer au milieu des sables.
Leur sol est plus nu et souvent parsemé de quelques petits buissons sombres.
Le guide tire le chameau de tête inquiet de devoir monter des pentes longues et raides. On croise de
nombreuses traces de gazelles. Le paysage est vraiment grandiose. Nous bénéficions souvent de vues bien
dégagées car nous restons autant que possible en balcon ou naviguons au faîte des cordons pour éviter de
descendre trop souvent dans le fond des cuvettes.
Tout en marchant, nous pouvons nous rendre compte que l'erg, s'il possède une flore importante, a aussi une
faune non négligeable. Nous pouvons peut-être apercevoir quelques animaux mais il faut savoir qu'ils sont
surtout nocturnes. Leurs traces apparaissent sur le sable et prouvent qu'ils sont proches : chacals, renards,
fennecs, chats des sables (Felis margarita), zorilles, gazelles dorcas et leptocères (en arabe : rhim), hérissons,
lièvres, gerboises, gerbilles... Un guépard a encore été vu, en 74, dans la région d'El Borma, plus au sud.
Nous pouvons aussi observer plusieurs types d'oiseaux : traquets, corbeaux, pies-grièches et même outardes,
dans les steppes en bordure de l'Erg. Les lézards divers, dont le scinque ou poisson des sables,
l'acanthodactyle doré, l'agame variable, les geckos, le varan (Varanus griseus), les vipères (Cerastes vipera, la
vipère des sables, et Cerastes cerastes, la vipère à cornes), les couleuvres (Psammophis shokari et sibilans) et
les scorpions (Androctonus australis et ienas, amoreuxi, Buthus occitanus, Buthacus leptocalis) sortent avec les
chaleurs.
Le 9e jour,
Les dunes s'abaissent. De temps à autre, le sol rocheux apparaît dans les cuvettes. La végétation
redevient celle que nous avions connue les premiers jours : alga et rtem remplacent erta, azal et alenda. Les
traces d'anciens campements Rebaiya recommencent à apparaître. Du haut des plus hautes dunes, on peut
apercevoir devant nous les gour calcaires (sommets tabulaires) de Dakhlet Salama et de Dakhlet El Hachi
(281m). Plus loin, au sud, celui d'El Gelb Lassoued (339m) et, à l'est, ceux d'El Aaraïfa (274m) et de Rous El
Bir.
10e jour -
Arrivée aux gour de Dakhlet Salama. Abandonnant la caravane, nous gravissons quelques sommets
sans difficulté. La vue sur l'ensemble de la région est saisissante. Nous sommes au milieu d'une vaste plaine
(dakhlet) abandonnée par le sable mais ceinturée de dunes. Nous la traversons vers l'est pour entrer à
nouveau dans un dernier système de dunes bordant, à l'ouest, l'immense Dakhlet Bir Aouine. Bivouac dans les
dunes.
11e jour -
Après les dernières petites dunes de l'erg, nous débouchons dans la steppe. Notre marche devient
plus aisée et plus rapide. L'erg s'est éloigné au sud mais sa barrière de dunes nous accompagne au nord. Au
loin, nous apercevons la petite construction blanche du fort de Bir Aouine. Ce poste, terriblement isolé, est
dominé par la grande dune d'El Borma (312m). Nous nous dirigeons vers le versant sud des gour d'El Aaraïfa
(274m) où nous installons notre dernier bivouac. C'est là que nous avons rendez-vous avec les véhicules 4x4
qui nous rejoignent le soir ou le lendemain matin très tôt.
L'après-midi, nous pouvons nous reposer ou traverser les gour calcaires qui nous dominent.
12e jour -
Après avoir remercié et salué guide et chameliers, nous nous mettons en route de bonne heure pour
un long transfert. Passage au Bordj de Bir Aouine où notre autorisation de circuler dans cette zone militaire et
nos passeports doivent être contrôlés. Ce n'est qu'une formalité.
Au début, notre piste de retour est parfois envahie par le sable de l'erg que nous devons contourner.

Nous traversons des paysages de steppe, égayés de loin en loin, si le pâturage le permet, de troupeaux de chèvres,
de moutons et de chamelles.
Passage au poste de contrôle d'El Kamour. Nous longeons les oléoducs et
gazoducs qui viennent d'In Aménas (Algérie) et d'El Borma. Nous apercevons au loin les palmiers de Ksar
Khilane avant de passer près de Bir Soltane. Nous rejoignons enfin la route, en construction, qui relie Douz à
Matmata.
Déjeuner au Campement Saharien de Nouaïl où nous arrivons après 5h 30 de piste et de route goudronnée.
Après le rangement du matériel collectif (tentes, matelas, cuisine), transfert à Tozeur.
Installation à l'hôtel - douche!
Temps de marche: 5h à 6h par jour.
CARTES :
AFRIQUE (Nord et Ouest) au 1/4 000 000e. Michelin N° 953.
TUNISIE au 1/800 000e. Freytag & Berndt.